Au cœur du débat, il y a les gens et leur manière de se rencontrer. – Geoff SHEPHERD
La Clinique Sans Souci, hôpital psychiatrique ouvert, peut accueillir 145 personnes adultes dans six unités de soins, dispersées dans un parc arboré et calme situé à Jette (Bruxelles).
Elle occupe 130 personnes, dont 8 médecins, 85 infirmier(e)s et paramédicaux et, depuis peu, quelques pairs-aidants.
Son histoire est intimement liée à une famille de psychiatres qui président à sa destinée depuis sa fondation, il y a plus d’un siècle (1909).
Dans les années 1970-1980, en parallèle avec son activité traditionnelle dans le traitement des maladies mentales, la Clinique Sans Souci a, dans le contexte mondial des mouvements de désinstitutionnalisation (Italie, Angleterre, Etats-Unis…), reconsidéré sa politique de soins envers les patients qui accumulaient de (trop) nombreux et/ou (trop) longs séjours, faute de soins adéquats ou d’alternatives en dehors de l’hôpital.
Comment les aider à retrouver le chemin de la vie en société ?
La réhabilitation psycho-sociale, discipline encore balbutiante à l’époque, dont c’était l’objet même, était-elle l’apanage du secteur ambulatoire ?
L’hôpital n’y avait-il pas sa place ?
Ce débat, source de confrontations idéologiques et toujours d’actualité, a suscité plusieurs initiatives de la Clinique Sans Souci et de ses soignants (ouverture d’un réfectoire en dehors des unités, déplacement du Centre d’Activités et de l’Hôpital de Jour en dehors du site, création des Habitations Protégées et de services de soins à domicile…).
Ce débat a aussi profondément influencé la rénovation des bâtiments, conçue expressément pour créer cette dynamique « centrifuge » vers des sorties « réussies » et durables et qui s’inspire des conceptions soutenues par l’Université de Boston, laquelle préconisait, entre autres, de consacrer un lieu différent à chaque fonction : manger, dormir, s’occuper…
Sur fond de recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (reprises dans la « Mental Health Declaration for Europe » en 2005 à la Conférence d’Helsinki), un changement de paradigme s’est opéré progressivement, consistant à déplacer le centre de gravité des soins de la maladie vers la santé mentale. Les professionnels ont été invités à ne plus se contenter d’effacer ou d’atténuer les symptômes, mais aussi à se mobiliser pour guider les patients dans leur reconquête d’une vie pleine de sens, au sein de la communauté.
Petit à petit se mettait en place un nouveau modèle de soins qui convoque les ressources du patient (« empowerment ») et de son entourage familial, avec le renfort des usagers formés à la pair-aidance.
L’objectif clairement défini est devenu le rétablissement (« recovery ») et c’est ce modèle de soins que la Clinique Sans Souci a choisi ; c’est aussi dans ce contexte qu’elle s’est attaché la collaboration de plusieurs pairs-aidants.
La récente Réforme des Soins en Santé Mentale (à Bruxelles-Capitale) consacre cette évolution des mentalités et cherche à s’appuyer sur des réseaux de soins organisés.
La Clinique Sans Souci a été l’un des initiateurs du Réseau Norwest qui regroupe l’ensemble des acteurs en santé mentale de la zone Nord-Ouest de Bruxelles.
La Clinique Sans Souci a également soutenu l’ouverture du Club NORWEST, une « maison pour tous », un lieu de vie où tout le monde est le bienvenu pour parler, écouter, discuter, boire un café, jouer au Scrabble…
Cette initiative a été récemment récompensée par l’attribution du prix du jury du Centre de Référence en Santé Mentale (CRéSaM), lors de sa 17e édition des « Reintegration Awards ».